Pour une Europe identitaire et subsidiaire

Publié le par Vindos Cingetos

Europae Gentes
20/01/08


L'image “http://www.europaegentes.com/images/topics/100X100_EU61.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.La société décrite par Aristote « se compose de groupes emboîtés les uns dans les autres, dont chacun accomplit des tâches spécifiques et pourvoit à ses besoins propres. La famille est capable de suffire aux besoins de la vie quotidienne, et le village à ceux d’une vie quotidienne élargie. Mais seule la cité, organe proprement politique, est capable d’atteindre l’autarcie, la pleine suffisance du tout, et c’est ainsi qu’elle se définit : par l’auto suffisance, synonyme de perfection ». Si l’Etat, agit aux lieu et place du chef de famille, il devient un tyran !
Il en était ainsi au Moyen Age, société hiérarchique, fondé sur une pluralité de souveraineté auxquelles correspondaient autant de libertés.

Le principe de subsidiarité a été repris et définit très clairement par le pape Pie XI dans l’encyclique Quadragesimo Anno : « De même qu’on ne peut enlever aux particuliers pour les transférer à la communauté les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur propre initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une grave injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieurs pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes ».

Quant à l’Etat, son rôle est régalien. Il doit assurer la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur la Justice. Il a le monopole de battre la monnaie.

Raisonnons maintenant au niveau européen.
L’unité européenne est une nécessité. Elle l’est au regard de l’hyper-puissance américaine, de l’émergence de la Chine et de l’Inde, de l’Islamo-terrorisme wahabite.
Si les européens n’avaient pas été unis à Vienne et à Lépante, l’Europe serait probablement devenue musulmane. C’est l’idée commune de constituer une civilisation qui a amené les européens à s’unir. La question est donc de concilier les impératifs de l’unité et de la diversité. Il y a un mot pour cela, c’est la Fédération.

Dans l’absolu, c’est le modèle le plus adapté pour conjuguer ces impératifs. Qu’en est-il dans la réalité ?

Commençons par en donner la définition. La philosophe Chantal Delsol la définit comme « un ensemble d’entités diverses qui, trop faibles séparément, s’entendent pour déléguer certaines de leurs compétences à une instance supérieure commune. Chaque entité gagne en protection et donc en liberté, sans perdre son autonomie puisqu’elle ne délègue, volontairement, que la liberté qu’elle estime ne pas pouvoir assumer ».

Alors aujourd’hui, où en est-on ?

L’Europe a du plomb dans l’aile. Elle fait fausse route et il est difficile de braquer le conducteur pour lui faire changer de voie. Il faut donc être concret et réaliste. La politique étant selon une formule célèbre de Richelieu « l’art de rendre possible ce qui est nécessaire », pour qu’une union européenne puisse fonctionner, il faut qu’elle se définisse sur les rocs solides de l’identité et non sur les sables mouvants du relativisme. Pour qu’elle puisse fonctionner, il faut une homogénéité substantielle, un héritage en commun et une convergence de vues.

En effet, l’unité avant d’être juridique doit reposer sur une identité commune et reconnue, ce qui est loin d’être le cas tant que la question des limites de l’Europe n’aura pas été tranchée. Carl Schmitt (1) rappelait à ce sujet que toute alliance politique devait reposer sur une condition préalable capitale « l’homogénéité de tous les membres de la fédération, c’est-à-dire une similitude substantielle qui fonde un accord (Ubereinstimmung) concret, découlant de leur être, entre les désirs des Etats membres, et garantit qu’il ne se produit pas de cas de conflit extrême au sein de la fédération ».

A cet égard, il relève que « le cas d’un conflit existentiel décisif ( entre la Fédération ets es composantes) est exclu s’il y a une homogénéité substantielle, des membres de la Fédération ». Or, une telle perspective de conflit existentiel existe beaucoup plus avec un pays tel que la Turquie qu’avec un pays balte ou avec la Pologne.

L’union à naître devra nécessairement dans son préambule rappeler les principes qui constituent les fondements de son identité, à savoir ses racines antiques gréco-romaines et chrétiennes. Elle rappellera les critères éthiques qui constituent le pilier de cette union. Enfin, elle délimitera clairement des frontières géographiques en excluant des pays qui à l’instar de la Turquie n’appartiennent pas à l’Europe ni par son histoire sa culture ou sa géographie.

Autrement dit seul un pays européen sera susceptible d’intégrer l’Europe ! C’est une lapalissade qu’il est bon de rappeler à l’heure où certains considèrent l’Europe comme une « promesse ».

D’autre part, cette identité doit également se traduire dans des objectifs stratégiques à atteindre.

Dans sa définition de la Fédération, Carl Schmitt – qui ne fait pas de distinction entre Fédération et confédération - précise qu’elle a pour objectif la conservation politique et la survie de tous les Etats membres. En effet, selon lui, les Etats rentrent dans une Fédération dans un but d’auto-conservation. Que ce soit dans le but de se protéger contre un envahisseur ou dans le but d’avoir un certain poids (politique ou économique) sur la scène internationale. Un Etat entre dans une Fédération parce qu’il y voit un moyen de conserver sa souveraineté politique.

L’objectif de cette union européenne doit être :

- d’assurer l’indépendance politique, économique, culturelle et énergétique de l’Europe et la sécurité de ses peuples,
- permettre son rayonnement sans hégémonie ni frilosité diplomatique dans le monde,
- tout en préservant l’identité de chacun des membres de l’union qu’elle soit fédérale ou confédérale.

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