Un homme est plus qu’un travailleur

Publié le par Vindos Cingetos

Article de Pierre Lance
du 16 janvier 2008

http://www.oomu.org/documents/images/metropolis/experi.jpgLes idéologues socialistes et les dirigeants capitalistes des multinationales ont quelque chose en commun : ils ont de l’être humain une conception réductionniste, appauvrissante et aliénante. Pour eux, l’homme est avant tout un travailleur, un salarié, quelqu’un qui n’existe que par et pour un emploi ; c’est un instrument.

Bien entendu, si vous leur dites cela face à face, ils protesteront que c’est faux et qu’ils n’oublient nullement « l’humanité » de chaque travailleur. Ce disant, ils seront peut-être sincères, mais sincérité sans lucidité n’est que ruine de l’âme. Car ce ne sont pas les intentions qui font le monde, mais les actes. Or, dans tous leurs actes, leurs calculs et leurs décisions, les « chefs de file » socialistes ou capitalistes (aux très rares exceptions près de ceux qui peuvent avoir quelques préoccupations d’ordre philosophique), n’envisagent concrètement chaque individu que comme une « force de travail » anonyme, sans famille, sans culture, sans racines et, bien sûr, sans patrie.

Bref, ils se conduisent avec les humains comme les chimistes de la pharmaco-industrie se conduisent avec les plantes médicinales quand ils en recherchent le « principe actif », tenant tout le reste pour quantité négligeable. Or, ce « reste », c’est toute la complexité de la vie elle-même, qu’il s’agisse des plantes ou des hommes.

Cette vision réductionniste (et donc fausse) de l’être humain vient d’être mise en vedette par Jacques Attali, socialiste de haute volée capté par l’ouverture sarkozienne et chargé par le gouvernement de « réfléchir » (avec ses quarante collaborateurs) sur les moyens de « doper la croissance ». Et la principale trouvaille de M. Attali, c’est de vouloir favoriser l’immigration de travailleurs étrangers dans les secteurs où l’on manque de main-d’œuvre. Ce qui rejoint évidemment le concept d’« immigration choisie » mis en avant par le Président Sarkozy.

Autrement dit, pour Jacques Attali et, je le crains, pour Nicolas Sarkozy lui-même jusqu’à preuve du contraire, peu importe qu’un bipède musclé déboule de n’importe quel coin de la planète, la tête remplie de superstitions d’un autre âge et de coutumes archaïques inadaptables à notre culture française, pourvu que ses bras et ses jambes soient mécaniquement capables de faire ce qu’on ne peut pas encore demander à un robot.

Et ces messieurs qui pensent pour nous semblent incapables d’imaginer les conflits inter-ethniques, inter-culturels, inter-religieux qui vont ensanglanter la France et toute l’Europe dans vingt ou trente ans, simplement parce que les myopes de la politique et de l’industrie ne voient dans un être humain rien d’autre qu’un « travailleur » ou un « chômeur », et non pas ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire une personne sensible aux neurones imprégnés de tout un passé ancestral dont il est l’ultime émanation, et qui, expulsé de son milieu originel, ne peut engendrer que le chaos. Car le vœu pieux de l’intégration se brisera sans cesse sur la tragédie du déracinement, de l’écartèlement culturel et de la perte des repères.

Dans un ouvrage publié en 1982 : « Mondes en marche » (Ed. Calmann-Lévy), l’économiste Alfred Sauvy s’inquiétait déjà du phénomène, lourd de catastrophes, des migrations massives et il posait en substance la pertinente question : Vaut-il mieux importer des hommes là où nous avons construit des usines ou exporter des usines là où se trouvent les hommes ? C’est évidemment la seconde solution qui pourrait seule préserver la paix du monde, et elle commence à se mettre en pratique - mais un peu tard - grâce au processus des « délocalisations ».

Celui-ci ne peut toutefois réussir qu’à deux conditions : a) que le pays exportateur d’usines et de procédés sache conserver l’excellence de sa créativité technologique et que ses propres travailleurs acceptent tous les emplois offerts sur le sol national, quels qu’ils soient, et b) que les pays de « main d’œuvre à bon marché » sachent réduire drastiquement leur natalité, faute de quoi les usines délocalisées ne parviendraient jamais à employer tous leurs descendants, la richesse produite ne servant qu’à entretenir une explosion démographique sans issue.

Si les politiciens du monde entier ne comprennent pas cela et n’agissent pas en conséquence, notre nouveau siècle baignera dans un fleuve de sang.

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